Bijoux anciens et sentiments

L’Amour, qu’il lie un homme et une femme, des parents et leurs enfants, ou encore des amis, est une source d’inspiration sans fin pour les bijoutiers et les joailliers depuis l’antiquité. À chaque époque s’est développé un langage amoureux, un vocabulaire, que chaque siècle est venu enrichir… On vous invite à un voyage à travers le temps et les sentiments !

LES BIJOUX AMOUREUX DE L’ANTIQUITÉ

Dans la Grèce antique, les bijoux présentent des symboles de l’Amour, comme la déesse Aphrodite, son fils Éros, Pénélope – symbole de la femme fidèle, ou encore le noeud d’Héraklès – allusion au noeud que l’époux dénouait lors des noces. Les inscriptions gravées sur les bagues transmettent des messages d’amour. Les pierres gravées en intaille ou en camée dépeignent aussi des sentiments ou des scènes sentimentales. Les gages d’amour échangés entre Marc-Antoine et Cléopâtre prenaient d’ailleurs la forme de bijoux.

Les mêmes divinités sont représentés dans la bijouterie romaine : les amants Mars et Vénus, Éros, que les romains appelés Cupidon… Comme les Grecs avant eux, les Romains gravaient des devises amoureuses sur le métal ou sur des pierres dures qu’ils sertissaient dans des bagues. Les bagues serties de camées représentant un couple dont les profils se font face ont été interprétées comme la commémoration d’un mariage.

LES BIJOUX AMOUREUX AU 16ÈME SIÈCLE

À la Renaissance, on assiste à la renaissance de la glyptique antique. Camées et intailles sur pierres dures atteignent alors un degré de perfection comparable aux chefs-d’oeuvre de la Rome impériale. Les camées à l’effigie de Cupidon furent fabriqués en abondance.

Le langage amoureux de cette époque passe aussi par les fleurs : la violette représente l’amour innocent, la pensée le souvenir, le souci les peines de coeur, le myosotis implore “ne m’oubliez pas”. Les animaux aussi  peuvent représenter des sentiments : le chien la fidélité, la salamandre l’amour éternel…

De tous les autres symboles sentimentaux qui apparaissent dans le bijou de la Renaissance, le coeur était le plus répandu, qu’il soit encadré de personnages ou de deux mains jointes, percé de flèches, associé à des fleurs ou qu’il renferme des initiales. Ces dernières sont aussi souvent gravées sur des bagues.

La dureté du diamant et sa résistance au feu aussi bien qu’aux coups de marteau lui vaut de symboliser la fidélité sans faille promise lors du mariage. Tous ceux qui en avaient les moyens scellaient leur union avec une bague ancienne sertie d’un diamant. C’est aussi à cette époque qu’apparaissent les portraits miniatures !

LES BIJOUX AMOUREUX AU 17ÈME SIÈCLE

Ce siècle continue à utiliser le langage amoureux mis au point lors du siècle précédent. Les amoureux célèbres de la mythologie et de l’histoire mais aussi l’Amour, représenté sous les traits de l’archer décochant ses flèches semblant être la plus appréciée… Le coeur lui aussi, sous de multiples aspects et façonné dans divers matériaux, voire taillé dans des pierres de couleurs.

La main, qu’elle soit offerte en signe d’affection ou jointe à une autre en promesse de fidélité, a beaucoup cours à cette période. En dépit de la diversité des supports qui le représentent, ce motif est presque toujours destiné à l’ornementation des bagues. Il pouvait également constituer l’un des éléments décoratifs des bagues jumelées. Placées à l’extrémité des anneaux accolés, les mains se joignaient lorsque la bague était fermée.
 

Tressés, noués en lacs d’amour ou encore tissés, les cheveux pouvaient être enfermés dans des médaillons et dans des bagues, tantôt dissimulés à la vue, tantôt exposés aux regards à travers un verre transparent.

LES BIJOUX AMOUREUX AU 18ÈME SIÈCLE

Ce siècle est celui des jeux de l’amour et de l’amitié. Les montures des bijoux de cette période, sertis de petites pierres, sont travaillés en ors de plusieurs tons ou émaillées de couleurs éclatantes. Les symboles traditionnels que sont les coeurs, les mains, les tourterelles, les chiens, les noeuds d’amour, ainsi que les figures de Vénus et de l’Amour, sont réinterprétés d’une manière plus souriante et gracieuse. Bien que le symbole phare du sentiment reste à cette époque le coeur, c’est la figure de l’Amour lui-même, petit garçon dodu et souriant, qui orne nombre de bagues, voire de parures entières.

Les portraits miniatures ont beaucoup de succès. Parfois seul l’oeil est représenté. Ils peuvent aussi s’accompagner de cheveux de l’être aimé. Les mèches de cheveux n’étaient pas donnés à la légère, ils avaient valeur d’engagement.

Alors que les bagues de sentiment se reconnaissaient aux symboles et aux inscriptions qui les ornaient, la bague échangée lors du mariage, c’est-à-dire l’alliance, pouvait n’être qu’un simple anneau d’or uni. Elle est souvent gravée sur sa face interne des noms des conjoints et de la date de la cérémonie. Elle pouvait aussi être agrémentée du motif des coeurs jumelés.

LES BIJOUX AMOUREUX AU 19ÈME SIÈCLE

Les bijoux anciens reprennent le vocabulaire des siècles précédents, les initiales, des messages d’amour gravés, des représentations de l’Amour, des portraits miniatures, des camées et des intailles, bijoux de cheveux tissés ou façonnés en motifs élaborés. Ces derniers prennent beaucoup d’importance à l’époque romantique, surtout en bracelet. Et si à notre époque, nous avons du mal à comprendre cet engouement, il faut rappeler qu’il n’y avait pas alors de photographies permettant de conserver avec soi une image de l’être aimé. Et ce sans qu’il s’agisse forcément d’un être disparu trop tôt…

Dès le début du siècle, le serpent enroulé en un cercle parfait, sans début ni fin, apparaît comme un symbole de l’amour éternel. Son corps souple s’adapte à tous les types de bijoux, boucles d’oreilles, bagues, broches, bracelets anciens… Et s’il a aujourd’hui perdu de sa symbolique d’amour et d’amitié, il est encore bien présent dans les créations joaillères.

Les végétaux aussi sont très utilisés à cette époque pour exprimer différents sentiments, soit formés de pierres ou alors gravés en intaille. Par exemple le trèfle vert est symbole d’espoir, la pensée ou le myosotis pour ne pas être oublié… Cette tendance se poursuivra au début du 20ème siècle pendant toute la période Art nouveau.

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