Le geste de la main par Au détour du papier !
Les bijoux anciens que je sélectionne pour vous les présenter ont été réalisés à la main. Celles du lapidaire, du sertisseur, de l’artisan joaillier… Alors j’ai eu envie de remettre en avant ce geste de la main. Et pour changer, de m’intéresser à d’autres univers. Je vous invite chaque mois à découvrir celui d’une créatrice, d’une artiste, qui partage avec moi ce goût du beau et du bien.
Héloïse fait dans la dentelle…
Tout comme la dentellière de Vermeer, on pourrait observer Héloïse Bossard œuvrer à sa table de travail pendant des heures, tant son visage studieux et ses gestes secs mais tout en fluidité, respirent l’apaisement… Que l’on ne s’y trompe pas pourtant : munie de son scalpel, la jeune artiste incise le papier avec un savoir-faire et une précision chirurgicale qui ne saurait tolérer aucune distraction.
Si la dentelle de papier est devenue sa principale activité, Héloïse, architecte diplômée, a d’abord travaillé au sein d’agences d’architecture belge puis françaises avant de trouver sa voie. Éprouvant le besoin de renouer avec la matière, comme avec un rythme moins effréné, elle s’envole pour le Japon et passe deux années dans ce pays, qui n’a, depuis, jamais cessé de l’habiter. Sensibilisée à l’art nippon du Kirigami – ou découpe du papier – Heloïse y développe certainement aussi son sens inné d’observation de la faune et de la flore. C’est d’ailleurs ce regard poétique sur l’environnement qui guide aujourd’hui chacune de ses réalisations, comme en témoigne sa toute dernière série d’œuvres qui relie les organes vitaux humains et la nature : à l’instar de son cœur/arbre de vie aux délicates rainures ventriculaires qui s’apparentent à des racines.
À son retour en France, Héloïse lance Au détour du papier, mais il lui aura fallu quatre années pour atteindre la maîtrise, la précision et le niveau d’excellence qu’on lui connait aujourd’hui. Rodée, la jeune femme commence donc par dessiner ses créations sur une feuille annexe avant de piocher dans la bibliothèque de papiers qui jouxte son établi, le grammage et le coloris adéquat pour le rendu final. Une fois le papier choisi, elle transfère le dessin à l’aide d’une tablette lumineuse ou d’un calque, avant de procéder aux ajustements finaux puis, enfin, à la découpe. Laborieux, mais toujours passionné, ce travail n’est pas sans rappeler celui des orfèvres joailliers…
Émue par l’idée de redonner vie à des bijoux qui sont de véritables témoins de vie, Héloïse a choisi une marquise en diamant en mémoire de sa grand-mère qui en portait une similaire, et des pendants d’oreilles 19ème en corail surmontés d’une perle fine comme un subtil clin d’œil à l’Histoire.
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