Les bijoux de deuil

Le saviez-vous ?
Les bijoux de deuil, voici un sujet peu gai de prime abord mais qui s’avère très intéressant par les trésors d’imagination développés pour rendre hommage aux chers disparus.
Porter une bague ancienne ou un médaillon en signe d’attachement au défunt est une coutume ancienne qui remonte dans l’histoire des bijoux aux bagues ornées d’une tête de mort émaillées, dites “Memento mori”, qui eurent cours au 16ème siècle.


UN PEU D’HISTOIRE

Le deuil est une période difficile à surmonter. Autrefois, les règles de bienséance, longueur du temps de deuil, couleurs des vêtements et types de bijoux à porter, attitude à observer… La bienséance interdit les bijoux en période de deuil. Sauf si la femme portaient des bijoux adaptés, à savoir des bijoux de deuil ou encore de couleur sombre.

Les bijoux en cheveux

Les plus connus sont les bijoux en cheveux où une mèche était placée dans un médaillon.
Médaillon mèche de cheveux
Médaillon avec boucle de cheveux
© Victoria and Albert Museum, London
Ces cheveux pouvaient aussi servir à tisser le bijou (boucles d’oreilles, corps d’une bague ou d’un bracelet ancien). Ou encore à créer un motif ou des initiales.
Médaillon mèche de cheveux tressés
Médaillon avec cheveux tissés
© Victoria and Albert Museum, London
Attention, ces bijoux en cheveux célébraient aussi un être vivant et l’amour qu’on lui portait. Par exemple celui d’une mère pour son enfant ou encore d’une jeune femme pour son cher et tendre. Ils ont également fait l’objet d’une mode ! Les coquettes pouvaient commander le leur sur catalogue…
Boucles d'oreilles en cheveux tissés
Boucles d’oreilles en cheveux tissés
©Photo Les Arts Décoratifs, Paris/Jean Tholance.

Les bijoux en jais

Les bijoux de deuil sont majoritairement de couleur sombre, noirs ou parfois violets ou mauves. Ils peuvent être en verre mais les plus courants sont en jais. C’est la Reine Victoria qui lance la mode de ces bijoux suite au décès de son époux. Le gisement le plus célèbre est d’ailleurs à Whitby, en Angleterre. Mais ce n’est pas une pierre mais plutôt un bois fossilisé. Le vrai jais est fragile et onéreux. Il fut vite imité par du verre noir, moulé-pressé, pour répondre à une demande grandissante du fait des deux guerres qui se sont succédées.
Broche ancienne en jais
Broche ancienne en jais
© Victoria and Albert Museum, London

Les bijoux en fer

Les bijoux en fer ou en fonte de fer (fonte de Berlin) sont aussi très à la mode en période de deuil. C’est la reine Louise de Prusse qui lance cette mode de bijoux en alliage de fer et de carbone. Mais c’est surtout l’acte patriotique qu’elle symbolise qui a rendu la fonte de Berlin célèbre. En 1813, pour soutenir l’effort de guerre contre Napoléon, l’Empereur d’Allemagne demande à ses sujets d’échanger leurs bijoux en or contre des parures en fonte. Vainqueur, Napoléon saisit les moules de ces bijoux anciens pour en faire des répliques et lancer une production en France. Les bijoux en fonte de Berlin furent à la mode en France dans les années 1840.
Broche en fonte de Berlin
Broche en fonte de Berlin
© Victoria and Albert Museum, London


FIFTY SHADES OF MOURNING

Les bijoux de deuil sont souvent à rapprocher des bijoux de sentiments. Ils existent sous différentes formes : broches, colliers anciens, sautoirs, pendants d’oreilles ou dormeuses, parures de robe… Et en différentes matières autre que le jais mais l’imitant : le verre moulé pressé, le plastique, la bakélite, en galalithe (caséine de lait), …
Ils peuvent être très travaillés, riches de détails mais n’ont rien d’ostentatoire. Le but de ce type de bijou est simplement d’agrémenter une tenue. Il existe aussi tout un lexique du bijou de deuil : fleur, trèfle, croissant de lune, étoile, oiseau en plein envol, insectes, croix, main tenant un bouquet de fleurs séchées… et de nombreuses formes variées composées à l’aide de cabochons noirs juxtaposés.